Naissance d'un bijou
Au tout début il y a, le Grand Rangement.
C'est le premier signe, avant même que l'Idée ne soit là. On débarrasse, dépoussière, balaie.
Julos, minutieux, réorganise le coin soudure, fait du tri dans les boîtes de perles, range les quartz échappés.
La poussière sortie de l'atelier, le temps retombe.
Parfois une semaine, ou deux. Plus ou moins.
Et puis, un soir, après le dîner , quand la journée est finie, gagnée par le soir, il s'installe dans un creux de lumière orange.
Si la radio est allumée, je ne crois pas qu'il l'écoute. Il fait autre chose, bricole des fils de cuivre, regarde les pierres.
Toutes ses boîtes contiennent des histoires, attendent en silence.
L'idée prend forme à travers les fils de cuivre, ou bien à plat, sur le papier.
Il dessine sur un cahier d'écolier, bourré à craquer d'esquisses.
Poésie de l'économie, son crayon à papier est minuscule.
Le temps continue de passer , donnant de l'élan à l'Idée.
Pour qu'elle passe du papier au fil d'argent, il faut une impulsion électrique, beaucoup de basses, de décibels, au moins 90 bpm. Tout rebondit autour de l'atelier pendant plusieurs heures.
Comptez 7 heures pour un prototype.
Il faut couper, mesurer , plier. Réfléchir, parfois tout recommencer.
Souder.
Retiens ton souffle pendant la soudure car la possible naissance se joue ici .
Et puis nettoyer la soudure, poncer.
Le voila qui se pointe,il sort de l'atelier avec ses lunettes de précision sur la tête.
Et le Bijou est là, tout frais, juste né, tout s'est joué en quelques heures.
Simple anneau d'argent orné d'un cabochon d'ambre, grandes boucles d'oreilles ressemblant à des fleurs, chevalière surmontée d'un serpent en argent à la tête d'émeraude.
Les idées fourmillent, l'inspiration se cache partout.
Il fait là, à travers l'argent et les pierres, l'alliance du quotidien et de l'imprévu.
